Sigvahad entra dans la petite maison obscure. Sans lumière, il faisait noir comme dans un four. A pas de loup il avança jusqu’à la table de bois marin située au centre de la pièce. Gardok devait dormir et c’était bien mieux comme ça. Sigvahad n’aurait pour rien au monde voulu le mêler à cette affaire dangereuse. Il devait s’en sortir seul mais recherchait quelques herbes chez son ami herboriste. Ses longs cheveux bleus clairs encadraient ses yeux bleus sombre. Sa peau, très clair reflétait les rayons de lunes traversant les eaux. Grand et élancé, il n'était pas de carrure très large, et se faufilait très bien entre les diverses étagères. Sans faire le moindre bruit, il déplaçait les flacons afin de trouver la plante qu'il recherchait. Tendu, son visage doux et sympathique d'habitude, montrait son énervement et sa peur. L'angoisse est une chose dont on voudrait vraiment se passer !
Soudain une lumière le fit sursauter. Devant la porte de l’autre pièce de la maisonnée, Gardok le regardait l’air incrédule. Il lui dit :
- Sigvahad Thoring ! mais qu’est ce que tu fais là en pleine nuit ! Je t’ai pris pour un voleur !
- excuse-moi Gardok mais j’ai besoin d’une herbe spéciale et je sais qu’il n’y a que toi qui pourrais en vendre. Je cherche de la broka, une herbe évitant le desséchement.
- je sais très bien ce que fait la broka. Mais je ne comprend pas du tout ce que tu veux en faire ! Qu’est ce que c’est que cet accoutrement. J’ignorais que tu avais une épée en argent sous marin ! et c’est quoi cette plume. Je mettrais ma main à couper qu’elle vient du royaume de l’air !
Sigvahad était mal à l’aise. A présent, il ne pouvait plus reculer. Il devrait dire la vérité à son ami. Il respira longuement et dit :
- J’ai une mission à faire dans le royaume de l’air. S’il te plait ne me pose pas de questions.
- la broka est dangereuse mon ami. Je suis ami avec toi depuis ta naissance il a de cela déjà 57 ans ! dis moi ce qui te tracasse. Je jure que je ne le répèterai pas ! Sigvahad, je sais que tu ne me veux pas de mal. Tu es doux comme un agneau. Mais je te sais aussi très intelligent et rusé. Tu sais qu'il est dans ton interêt de me parler de ton projet !
- tu dois savoir aussi que je suis très susceptible et rancunier ! et si tu continue de m'embêter je pourrais être en colère.
- voyons Sigvahad ne réagis pas comme ça ! ne t'en fais pas. Je peux te donner la broka et te laisser partir. Mais je suis inquiet ! je peux te contraindre à me dire ce que tu ne veux pas dire. Mais j'aimerai savoir. dis moi ce qui ne va pas !
Sigvahad soupira. Devait-il partir afin de protéger son ami ? Non il avait trop besoin de broka. Il fallait que Gardok la lui donne et puis c’était un ami. Il l’aiderait sûrement. Sigvahad entreprit de raconter son histoire :
- te rappelles tu, dit-il, que lorsque j’étais petit garçon, je m’intéressais déjà aux légendes des quatre mondes ?
- oui bien sûr, tu adorais ça !
- c'est ainsi, en cherchant parmi les textes anciens, que j’eus vent d'une prophétie me concernant. Celle-ci me désignait comme étant celui qui rallierait les créatures aériennes aux sous-marines. Intrigués, je me lançais dans des recherches importantes.
Lors de l'une de mes escapades, je me suis aventuré vers la pointe de l'oubli. Le courant était violent et très puissant. J’y cherchais des détails qui pourraient me servir.
Soudainement, un tourbillon d'une puissance infernal apparut, avalant tout sur son passage. je ne pus y échapper et fus emporté par les flots où je perdis connaissance. Lorsque je me suis réveillé, j’étais dans une pièce incroyable. Mes mouvements étaient si rapides et si faciles à réaliser. Ma souplesse et ma vitesse étaient tellement accélérer !à vrai dire, je me croyais dans un rêve. Soudain j’ai compris : j’étais dans l'air ! Cette substance invisible si légère et facile à traverser. Grisé par cette sensation formidable je m’abandonnai une heure durant à batifoler dans la pièce, simplement pour pouvoir bouger de cette façon. Mais je me suis alors arrêté soudainement. L'air était si sec ! Je me desséchais ! Paniqué j’aurai voulu me replonger dans mon milieu naturel mais j’étais coincé ! C’est à ce moment que je me suis rappelé la prophétie : si j’étais celui qui devait rallier l'air et l'eau, je devais résister à la sècheresse de cet atmosphère. J’ai mobilisé mes réserves d'eau et je me suis assis en tailleur. Durant 7 jours j’ai gardé cette position. C’était infernal ! ma peau me faisait souffrir tout le temps et ma vie s’écoulait comme l’eau que je cherchais en vain ! Au bout du septième j’étais sur le point de craquer. C'est à ce moment qu'une puissante lumière apparut qui se matérialisa en quatre formes lumineuses semblables aux selvides. Ils me dirent d'une même voix :
" Tu es l'élu. Celui qui réunira l'air et l'eau. Nous le savons car toi seul aurait pu résister durant 7 jours à l'air libre".
Je me sentais désorienté et effrayé. Bien que la prophétie parle de moi en ces termes, je ne m'étais jamais autant senti concerné. Les esprits. Cependant je ne répondis pas, de peur de perdre l'une de mes dernières gouttes de salives. lumineux continuèrent :
" Ta quête commence à présent. Tu iras dans le domaine de l'air et cherchera les révolutionnaires. Ils t'aideront à accomplir ta quête. Recherche là bas des compagnons et nous te communiquerons la suite des informations. Voici des présents que nous t'offrons, élu du givre."
J’ai frissonné en entendant ce nom. Une appellation digne d'un héros !. Mais je n'ai rien d'un héros, ayant passé ma vie à rechercher les légendes disparues. Les esprits lumineux me tendirent ensuite des objets.
" Ce sont expliquèrent ils, le symbole de ta mission. Une épée en argent sous marin, et une plume de vent. Maintenant rejoins les tiens et préparent toi au grand voyage. "
Je me suis de nouveau évanoui et lorsque je me suis enfin réveillé, j’étais sous l'eau dans ma chambre. J’ai cru d'abord avoir rêvé mais lorsque je vis la plume et l'épée, j’ai tout de suite su que tout ce qui m’était arrivé était vrai. J’ai pris mon arme et a plume et je suis parti vers le ciel....
Seulement, j’étais encore terrifié par l’assèchement que j’ai éprouvé dans la pièce d’air. Alors j’ai pensé à une herbe magique qui protégeait les Selvides alors qu’ils étaient dans l’air : la broka. Je me suis dit que toi seul pouvait en avoir. Je suis allé chez toi. J’espérai la trouvé et repartir vite mais tu m’as trouvé. Cette histoire est dangereuse Gardok. Je ne voulais pas t’en parler de peur qu’il t’arrive quelque chose.
Gardok réfléchit à ce que son ami venait de lui dire. Il prit un bocal et mit son contenu dans une petite bourse. il saisit d’autre fiole et les tendit à Sigvahad. Il dit :
- prend ces herbes. Celle-ci est ta broka. Elle dure environ une journée alors ne la gâche pas. Voici d’autres herbes médicinales qui pourront te soigner où au moins ralentir le desséchement. Tu es un Selvides au grand courage Sigvahad. Un conseil : passe par les moyennes altitudes où de nombreux lacs reposent. Puis tu n’auras qu’à gravir les pentes montagneuses pour arriver dans le véritable domaine du ciel. J’imagine que trouver les révolutionnaires ne sera pas difficile. Je ne te retiendrais pas plus longtemps mon ami. Bonne chance, tu en auras besoin.
Sigvahad sortit sans un regard derrière lui, des larmes invisibles dans les yeux.